6.11.11


FLCL, La critique

FLCL.
Furi Kuri, Fuli Culi ou Fooly Cooly, appelez le comme bon vous semble, de toute façon on s'en fiche, et je dirais même plus, "on s'en fout de ce que c'est" et ce ne sont pas les protagonistes de cette OAV de six épisodes qui vous laisseront entendre le contraire. FLCL est un animé de 2000 réalisé par Katsuya Tsurumaki et coproduit entre les studios Gainax et Production I.G. Découvert pour ma part en 2004, FLCL reste dans mes souvenirs d'adolescent un animés complètement absurde, tellement débile qu'il en devient épuisant, mais c'est pourtant lui est lui seul qui m'a fait découvrir, et surtout apprécier, l'animation japonaise. Et ce n'est pas tout à fait un hasard pour ce jeune merdeux de seize ans que j'étais à l'époque.
Alors lorsque j'ai croisé l'édition intégrale de cette série déjantée lors de ma dernière brocante (sous blister s'il vous plait) je ne me suis pas fait prier pour l'embarquer à moindre prix. L'occasion pour moi de me replonger dans mes souvenirs d'adolescent, le lycée, les fille, le rock, l'internat, les potes… FLCL !

Après visionage des six épisodes d'affilé, je dois bien avouer que ma vision de la chose a bien changé. Car certes les extravagances scenaristiques s'enchainent avec une vélocité insolente. Et ce ne sont les phases d'animation plus que nerveuses qui viennent adoucir le style décérébré de cette saga. Cela dit, j'ai trouvé quelque chose qui m'avait pourtant jusque là échappé.. et ce n'est pas non plus un hasard pour ce jeune merdeux de seize ans que j'étais à l'époque…, hum oui, quelque chose qui m'avait jusque là échappé disais-je avant de m'interrompre moi-même : de la poésie…

Le coffret.
Parlons tout d'abord des DVD, de l'objet, du coffret. Édité chez Dybex, cet intégrale présente plutôt bien. Il a été, si je ne me trompe pas, produit en deux versions, dont seule l'illustration du packaging varie. Cette édition intégrale contient trois mini boitiers DVD, soit trois DVD, soit deux épisodes par disque. Chacun des menus, très fidèles au style de l'animé, nous offrent la possibilité de switcher entre la VOST et la VF, ainsi qu'une bonne flopée de trailers, comme Cowboy Beebop ou Trigun… La qualité vidéo est au rendez vous, un format 4 : 3 très propre, accompagné d'un son Dolby pas forcément indispensable mais toujours appréciable. Dans l'ensemble le produit est soigné et conforme à ce que peuvent attendre les fans. Voilà qui est fait pour rassurer les plus matérialistes.

  
L'histoire.
Essayons maintenant de poser le scénar à plat. C'est l'histoire d'un jeune ado ordinaire d'environ 12 ans, nommé Naota Nandaba qui vit dans une banlieue ordinaire, ou lui et ses potes d'enfance se font chier. Naota vit chez son père, partageant lui-même le domicile avec son père, le grand-père de Naota. Légèrement désorienté, le jeune homme entretient un esprit de compétition aiguë avec son père. L'absence de figure maternelle et l'idée de la réussite écrasante d'un grand frère partit vivre aux Ètats-unis ne joue pas en la faveur de l'équilibre mental du garçon complètement perdu. Le jeune pommé entretient une relation pseudo amicale avec une petite lycéenne de son âge un peu siphonnée, Mamimi. Une relation autour de laquelle semble s'ériger une certaine tension sexuelle timidement dévoilée. Et c'est justement à ce moment qu'intervient notre troisième personnage principale, Haruko Haruhara (ah tiens ! ^^'). Donc Haruko, une nana aussi fantasque que délurée, déboule en Vespa dans un déluge d'animations aussi saccadées que travaillées, et percute Naota en pleine gueule, plus violemment qu'un tsunami sur la baie de Fukushima. (roh !) De là, Naota se voit munit de pouvoirs étranges, pour ne pas dire embarrassants. Le jeune héros ne cessera alors de se faire tourmenter par la belle haruko, qui ira jusqu'à s'incruster chez lui pour devenir la femme à tout faire de la maison, et ce, pour le plus grand bonheur du paternel. Ensuite, les choses se compliquent. Suite à l'évasion de son cerveaux de sa boite crânienne sous la forme d'une grosse bi.., hum, d'un gundam, le jeune Naota se retrouve malgré lui au milieu d'une guerre improbable où lui seul peut parvenir à éliminer la menace grandissante. S'en découle un flopée d'évènements sans précédent, le menant jusqu'à des conflits d'ordre intergalactiques… Je vous avez prévenu !


La partie chiante, connotative.
Un peu comme après une longue nuit de rêves confus, FLCL ne laisse que de vagues souvenirs de sa trame principale tant la quantité d'images et de dialogues irrationnels qu'il déploie nous mitraille le cerveau à vitesse grand V. On sait que c'était bien, on ne sait pas vraiment pourquoi, mais on en reprendrait bien pour deux dollars. Mais tout n'est pas qu'incongruité, car sous son emballage d'animé pour jeunes déglinguos, se cachent en fait plusieurs niveaux de lecture qu'il m'a enfin été permis d'identifier. Sous cette avalanche d'absurdités en tout genre, FLCL cache une évidence rare et honnête. On pourra ainsi déduire que le personnage d'Haruko n'est pas un être à part entière, mais plutôt une force, une entité, la personnification des pulsions d'un jeune ado sous des traits féminins et d'une puissance incontrôlable. Cette force l'entrainera dans un combat acharné contre lui même, devant faire face à ses sentiments et à la réponse de son corps face à l'évolution de son approche envers la gente féminine. Comme le dit le réalisateur Kazuya Tsurumaki, au final, c'est l'histoire assez banale de la rencontre entre un garçon et fille.

Au final, on constate que FLCL affiche pour thématique principale la transition entre l'enfance et l'âge adulte par la découverte de la sexualité et l'ambiguité des relation père-fils, elles-mêmes basées sur le "alors, qui a la plus grosse maintenant". Loin d'être un cliché, la série parvient à aborder certains des vices du comportement des ados les plus inavouables en les habillant d'une robe à tutu, aussi ridicule que gracieuse. Enfin, ce n'est qu'une image assez subjective, mais qu'importe ! Car tout n'est que métaphores dans FLCL, métaphores auxquelles chacun est en droit d'en interpréter un sens moral, ou non. Nous sommes libres, libres à penser face aux interactions grotesques des personnages, à leur personnalités plus que décalées, au réel intérêt de cet animé. Aussi libres que l'auteur l'a lui même été dans la réalisation de cet ovni inclassable dans le paysage de l'animation japonaise.


L'esthétisme.
Le traitement graphique quand à lui ne respecte aucune règle, et c'est la son atout majeur. Du style Super Deformed, manga papier animé, en passant par les dessins à la South Park, FLCL se distingue par sa diversité de traits plus que culottée. Sadamoto Yoshiyuki, character designer, n'hésite pas à nous balancer en pleine face le story-board à demi animé sur certaines des scènes les plus nerveuses, appuyant sur l'expressivité des personnages au détriment de leur niveau de détail. À l'inverse, il nous offre une animation traditionnelle sans faille dans les passages les plus raisonnés. C'est cette orchestration rythmée et équilibrée des styles qui donne le ton des six épisodes, exhibant sans détour d'innombrables références graphiques telles qu'Évangélion, Otaku no video, ou Karekano. Plus qu'un clin d'œil nostalgique, une véritable auto-citation des studios Gainax. Un parti pris graphique audacieux qui ne pourra que ravir les fans du studio, mais également susceptible de désorienter les néophytes.


La bande son.
Mais FLCL c'est aussi une BO légendaire ! The Pillows, un groupe de pop japonais, ont composé un set de thèmes exclusifs à la série. Cette bande originale assigne une réelle dimension de profondeur à l'animé. Une fois le son associé à l'image, il vous sera impossible d'en dissocier les deux, tellement l'osmose entre habillage sonore et effets visuels est juste et cohérent. Tout comme le bruit des vagues en bord de mer, ou le son des cigales dans un champ du midi, on ne parle alors plus de musique mais d'ambiance. Une vraie réussite qui ne fait que sublimer le travail esthétique globale.


Mon avis.
Aujourd'hui j'ai retrouvé en FLCL le côté rock'n roll déjanté que j'ai connu (et qui m'a plu) à l'époque, mais pas seulement. J'ai aussi saisi son sens dramatique, nous rappelant à la constante les difficultés du passage au monde asexué de l'enfance à celui de la dure réalité du monde adulte. J'ai sû profiter du caractère placide de certaines scènes et en apprécier la poésie s'en dégageant. Peut être est-ce ma passion pour les arts graphiques, mon attirance envers la complexité des relations homme-femme, mais je reste comme aimanté, j'accroche ! Ce ne sera pas le cas de tout le monde, car en dehors d'une direction artistique aux petits oignons et d'une morale tirée par les cheveux, FLCL ne révolutionne pas le genre, et n'est pas forcément très accessible à tous.

Pour conclure.
Cette OAV ayant connu un succès grandissant au fil des années, je ne sais pas s'il est vraiment utile de vous donner un point de vue objectif sur l'intérêt ou non de la visionner. Il a clairement été identifié que l'avis du spectateur face à ce monument d'animation diverge sans demie mesure, on aime ou on n'aime pas. D'une part à cause (ou grâce) à son style d'animation ultra cadencée, d'autre part, par son 56e degré et ses références caricaturées par forcément perfectibles au premier abord. Il reste néanmoins selon moi une véritable référence, un chef d'œuvre intemporel, qui je positionne volontiers au top du classement.

1 commentaire:

  1. Il est parfois dangereux de vouloir revenir sur de vieux souvenirs... Surtout quand il s'agit de vieux animés/films ou jeux vidéos. Parfois mieux vaut en garder en bon vieux souvenir, que de revoir ça avec un œil "adulte" et se rendre compte à quel point ça à mal vieilli ou bien que c'est devenu bien trop "gnangnan" à ses yeux. J'en ai fais la douloureuse expérience avec certains titres. En tout cas tu as l'air d'avoir apprécié, et c'est tant mieux surtout si en plus tu as décelé aujourd'hui des choses qu'un œil d'enfant (merdeux) ne peux déceler. Tu m'a donné envie de m'y intéressé! merci ;)

    Méga...

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